Exposition: Reflections: Van Eyck and the Pre-Raphaelites
Date: Jusqu’au 2 avril 2018
Lieu: Galerie nationale de Londres
Jusqu’en 1848, en Angleterre, on admirait, mais on ne s’étonnait pas. Reynolds et Gainsborough étaient de grands maîtres, mais ils faisaient de la peinture du XVIIIe siècle et non de la peinture anglaise au XVIIIe siècle. Ce furent leurs modèles, leurs ladies et leurs misses, qui donnèrent un tour anglais à leurs figures : ce ne fut pas leur pinceau. Leur esthétique était celle de toute l’Europe au temps où ils vivaient. En parcourant les salles desmusées de Londres, on voyait d’autres tableaux, mais non une autre manière de peindre, ni de dessiner, ni même de composer et de concevoir un sujet.
Quant aux autres peintres, ils faisaient, avec plus ou moins d’habileté, la peinture qu’on faisait partout. On s’intéressait une minute à leurs chiens, à leurs chevaux, à leurs politiciens de village, à toutes ces petites scènes de genre, d’intérieur et de cuisine, qu’ils traitaient moins bien que les Hollandais. Une couleur glabre, lustrée, plaquée sur du bitume, fausse sans vigueur, confite sans finesse, trop noire dans les ombres, trop brillante dans les clairs. Un dessin mou, hésitant, vaguement généralisateur. Et l’on songeait, en approchant de la redoutable date 1850, au mot prononcé par Constable en 1821 : « Dans trente ans, l’art anglais aura vécu ».
Et cependant, si l’on regarde bien, deux caractéristiques étaient là, sommeillantes. D’abord, l’intellectualité du sujet. De tout temps, les Anglais se préoccupèrent de choisir des scènes intéressantes, voire un peu compliquées, où l’esprit avait autant à saisir que les yeux, où la curiosité était piquée, la mémoire mise en jeu, le rire ou les larmes provoqués par une histoire muette. Déjà s’affirmait cette idée, d’ailleurs bien lisible chez Hogarth, que le pinceau était fait pour écrire, pour raconter, pour instruire, non simplement pour montrer.
Seulement, ce qu’il racontait avant 1850, c’était des actions mesquines ; ce qu’il exprimait, c’était de petits travers, des ridicules ou des sentiments bornés ; ce qu’il en soignait, c’était des articles du code de civilité. Il jouait le rôle de ces cahiers d’images qu’on donnait aux enfants pour leur montrer où conduisait la paresse, le mensonge ou la gourmandise. L’autre qualité était l’intensité de l’expression. Quiconque avait vu des chiens de Landseer ou tout simplement dans les journaux illustrés anglais, quelques unes de ces études d’animaux où l’habitus corporis est serré de si près, l’expression si recherchée, le tour de tête si intelligent, si différent selon que l’animal attend, craint, désire, interroge son maître ou réfléchit, pourra aisément comprendre ce que signifie ce mot : intensité d’expression.
Mais, de même que l’intellectualité du sujet ne se voyait, avant 1850, que dans des sujets qui n’en valaient pas la peine, de même l’intensité d’expression n’était obstinément recherchée et heureusement atteinte que dans les représentations des figures animales. La plupart des figures humaines avaient des attitudes banales, sans modalité expressive, ni vérité spécifique, ni précision pittoresque, mises sur des fonds imaginés à l’atelier, accommodés de « chic » à la sauce académique, d’après des principes généraux, excellents en soi, mais mal compris et paresseusement appliqués.
Tel était l’art en Angleterre, lorsque Ford Madox Brown revint d’Anvers et de Paris avec une révolution esthétique dans ses cartons. Il ne s’agit pas de dire que toutes les tendances qui prévalèrent depuis cette époque, toutes les individualités qui se développèrent, sortirent de cet artiste, ni qu’au moment où il débarqua, personne parmi ses compatriotes ne sentait, ni ne rêvait les mêmes choses que lui.
Mais, si l’on songe qu’en 1844, lorsque fut exposé Guillaume le Conquérant, rien de ces choses nouvelles n’était apparu, que Rossetti avait seize ans, Hunt dix-sept, Millais quinze, Watts vingt-six, Leighton quatorze, Burne-Jones onze et qu’aucun de ces maîtres n’avait, par conséquent, accompli sa formation ; si l’on songe ensuite que la façon de composer, de dessiner et de peindre inaugurée par Madox Brown se retrouve, cinquante ans après sa première oeuvre, dans les tableaux de Burne-Jones, après être passée par ceux du maître de Burne-Jones, Rossetti, il faut bien reconnaître à l’exposant de 1844 le rôle décisif du semeur, là où les autres n’avaient fait que labourer avant l’heure ou moissonner une fois la récolte venue.
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